Le Gouvernement wallon, sur base d’une proposition du Ministre des Solidarités Yves COPPIETERS, a décidé d’approuver une note méthodologique en vue de l'élaboration de la future stratégie de lutte contre la pauvreté. Face à l’augmentation des inégalités et aux résultats mitigés du précédent plan, ce nouveau cadre met en avant une approche innovante, axée sur la priorisation des actions à fort impact, la mise en place d’un Comité de pilotage pour assurer une coordination efficace, et l'évaluation continue des résultats. La transversalité entre différents déterminants de sortie de la pauvreté comme le logement, la santé et l’emploi sera au cœur de cette démarche.
La pauvreté en Wallonie, un enjeu prioritaire
La pauvreté touche plus de 15 % de la population dont des jeunes et des familles monoparentales. La pauvreté des enfants et des jeunes est également préoccupante avec des conséquences durables sur leur accès à l’éducation et à l’emploi : environ 13 % des jeunes wallons quittent le système scolaire sans diplôme, réduisant fortement leurs perspectives d’emploi. Ce phénomène alimente un cycle de pauvreté intergénérationnelle, aggravant les inégalités.
Cette situation est exacerbée par un décalage entre la croissance économique et les conditions de vie des populations les plus précaires. Bien que le PIB wallon ait progressé régulièrement depuis 2004, les bénéfices de cette croissance n'ont pas atteint les plus vulnérables dont les conditions de vie se sont dégadrées depuis 2016. La Wallonie présente également un taux de pauvreté près de deux fois supérieur à celui de la Flandre, et trois fois plus de bénéficiaires du Revenu d’Insertion Sociale (RIS). Ces écarts sociaux et régionaux rendent la Wallonie particulièrement exposée aux chocs économiques.
Prévenir la pauvreté par une approche transversale
- Logement : l’accès et le maintien dans un logement décent à coût abordable financièrement sont essentiels pour éviter l’appauvrissement. La stabilité d’occupation d’habitation constitue la base d'une réinsertion réussie et d'une lutte efficace contre la précarité.
- Emploi et formation : lutter contre le décrochage scolaire et améliorer l’accès à un emploi stable sont des priorités. Chaque personne doit avoir la possibilité de s'insérer professionnellement et d’accéder à un emploi durable et de qualité.
- Santé – Santé mentale et liens sociaux : la santé, y compris la santé mentale, est un facteur clé dans la sortie durable de la pauvreté. Il est primordial de décloisonner les problématiques et encourager les échanges en vue de favoriser des prises en charge globales des personnes par les structures d’accompagnement social et de santé.
- Renforcement du recours aux droits sociaux : le non-recours aux droits constitue un facteur aggravant la pauvreté. Simplifier l’accès aux droits sociaux, notamment par l’automatisation des démarches via l’e-administration (tout en assurant un guichet physique), est une piste à étudier pour garantir que chaque citoyen bénéficie des soutiens auxquels il a droit.
Cette transversalité s’exprimera aussi par l’implication de plusieurs compétences régionales et communautaires, Une collaboration renforcée avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et d'autres niveaux de pouvoir garantira une action concertée et cohérente.
Désignation d‘un Comité de pilotage et la coconstruction avec les acteurs de terrain
Un Comité de Pilotage sera mis en place et chargé de la coordination générale de la stratégie, de son élaboration à son évaluation en passant par sa mise en œuvre. Ce comité, composé d’experts, d’acteurs de terrain, de représentants des secteurs, des associations et des cabinets politiques concernés, se réunira régulièrement. Ce mécanisme garantira l'efficience et la priorisation des actions, afin de maximiser leur impact sur la réduction de la pauvreté.
La stratégie sera également coconstruite avec les parties prenantes, incluant outre les acteurs déjà cités précédemment, les experts du vécu. Leur contribution est essentielle pour s'assurer que les mesures répondent aux besoins réels des personnes les plus vulnérables et soient adaptées aux réalités de terrain.
Prévention, anticipation et réponse aux risques
La stratégie met également l’accent sur la prévention, en visant à détecter et à répondre aux situations de possible basculement dans la précarité avant qu’elles ne deviennent critiques. Une stratégie préventive efficace en matière de lutte contre la pauvreté devrait reposer sur un ensemble de politiques qui visent à anticiper les difficultés économiques et sociales, à renforcer les droits et à offrir un accompagnement adapté aux groupes les plus vulnérables.
Calendrier
Phase 1 : élaboration (octobre 2024 - septembre 2025) : réalisation d’un diagnostic et d’un inventaire des dispositifs existants, mise en place des groupes de travail thématiques pour valider les hypothèses de leviers prioritaires, définir les actions concrètes, les ressources et les dispositifs d’évaluation.
Phase 2 : mise en œuvre (septembre 2025 - 2029) : déploiement des actions et suivi continu avec des évaluations régulières pour ajuster les mesures en fonction de leur impact réel sur le terrain.
Yves COPPIETERS, Ministre des Solidarités : “Cette stratégie ambitieuse marque une rupture avec les approches traditionnelles. En misant sur l’efficience, des leviers clairement identifiés, la prévention et la transversalité entre secteurs, nous visons des actions à fort impact, coconstruites avec les parties prenantes. Chaque mesure sera évaluée pour s'assurer qu'elle réponde aux besoins concrets et améliore les conditions de vie des personnes précarisées. L'objectif est de donner à chacun les moyens réels de sortir de la précarité.”